Sur une dérive imaginaire publié dans Le Monde

LES SOCIALISTES ont-ils perdu les élections, le 21 avril et les 9 et 16 juin 2002, en raison de leur « dérive sociale-libérale », comme l'écrit à nouveau Henri Emmanuelli dans le Journal du dimanche du 4 août ? Cette explication a le mérite de la simplicité. Elle a le défaut de se heurter à quelques faits têtus, qu'en d'autres temps Henri Emmanuelli reconnaissait volontiers.

En octobre 2000, il qualifiait d' « exceptionnels » les résultats de l'action gouvernementale. « Le retour à la croissance et à l'emploi, écrivait-il dans sa motion au congrès de Grenoble, ne s'est pas fait au détriment de la protection sociale et de la solidarité mais, au contraire, dans le contexte d'un renforcement de la protection sociale et d'une extension de la solidarité, n'en déplaise aux libéraux et aux promoteurs de la troisième voie. La main invisible du marché n'a pas rendu obsolète le volontarisme politique. » Henri Emmanuelli parlait d'or : pendant cinq ans, le gouvernement de Lionel Jospin a mené « la politique la plus à gauche de toutes celles pratiquées par les gouvernements européens », d'après Jean-Luc Mélenchon, un autre fin connaisseur...

On peut contester la pertinence ou l'opportunité de certaines réformes sociales mises en oeuvre entre juin 1997 et juin 2002 : les 35 heures, les emplois-jeunes, la couverture-maladie universelle, l'allocation personnalisée pour l'autonomie, la prime pour l'emploi, les lois de modernisation sociale, celles contre le harcèlement sexuel et moral, la création de dizaines de milliers de postes supplémentaires dans l'éducation nationale, la...

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