Faire vivre l'exception culturelle publié dans Le Monde
L E vif débat soulevé par la déclaration de Jean-Marie Messier dressant l'avis de décès de « l'exception culturelle française » a valeur de symptôme. Il montre combien, à l'heure de la mondialisation, la culture est devenue un enjeu majeur dans notre société.
Sans avoir lu Gramsci, les dirigeants américains ont compris depuis longtemps que l'hégémonie culturelle fraie la voie à la domination économique et politique. Les accords Blum-Byrnes de 1946 conditionnaient déjà l'aide du plan Marshall à l'ouverture des marchés européens à la production cinématographique d'Hollywood. Tout au long du demi-siècle qui a suivi, les Etats-Unis n'ont eu de cesse, au nom du libre-échange, de démanteler les systèmes d'aide que certains pays européens - au premier rang desquels la France - avaient mis sur pied pour défendre leur création nationale. Là où ils y sont parvenus, cette création a périclité et le rouleau compresseur américain a tout emporté.
Aujourd'hui encore, les Etats-Unis usent de leur influence - qui n'est pas mince - pour inscrire le cinéma et l'audiovisuel dans les négociations de l'OMC sur la libéralisation des services. La fin de non-recevoir qu'ils ont essuyée, à l'initiative des Européens, aussi bien à Seattle qu'à Doha, n'a en rien découragé leurs efforts.
On comprend, dans ces conditions, que les propos du patron de Vivendi Universal aient suscité une certaine émotion. Dans cette affaire, le contexte et le moment ont joué autant, sinon plus, que le texte. C'est pourquoi les mises au point et les protestations de Jean-Marie Messier...
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