L'avenir de la social-démocratie publié dans Le Monde
LES récents succès électoraux de la gauche ne doivent pas trop faire illusion : le modèle social-démocrate d'après-guerre est en crise et chacun se demande par quoi le remplacer. Ce modèle économie mixte, Etat-providence, politique keynésienne de soutien à la demande, négociation permanente entre partenaires sociaux avait fait merveille pendant un demi-siècle.
Il a donné à nos démocraties européennes leur douceur de vivre et leur spécificité. A la fin des années 80 encore, en Allemagne, en Autriche, dans les pays scandinaves, les taux de chômage étaient les plus bas, les salaires réels les plus élevés, la protection sociale la plus développée et les taux de croissance plutôt hauts, malgré les niveaux records de prélèvements obligatoires. Aujourd'hui, même ces bastions de la démocratie sociale ont été rattrapés par le chômage de masse, la montée des inégalités, la crise de l'Etat protecteur.
Cette langueur du modèle social-démocrate ne résulte pas de la vogue des idées libérales qui déferlent d'outre-Manche et d'outre-Atlantique depuis bientôt vingt ans. Elle est la conséquence de l'évolution de nos sociétés elles-mêmes.
Quatre tendances lourdes du capitalisme avancé frappent en effet aujourd'hui de plein fouet le compromis social-démocrate de 1945 et le contraignent à se transformer.
La nouvelle révolution technologique, tout d'abord, impose la modernisation accélérée des économies occidentales, leur redéploiement vers les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Ce redéploiement exige de grands efforts d'adaptation, d'innovation,...
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