Le patronat français, « parti de l'entreprise » publié dans Le Monde

FONDÉ le 12 juin 1946, le Conseil national du patronat français (CNPF) ne surgit pas du néant, mais représente un nouvel avatar d'un mouvement patronal déjà séculaire.

Contrairement aux idées reçues, ce mouvement ne se constitue pas d'abord pour faire face au syndicalisme ouvrier, alors inexistant, mais pour s'opposer aux velléités libre-échangistes de l'Etat. Les lointains ancêtres du CNPF s'appellent l'Association pour la défense du travail national (1846), le Comité des forges, le Comité des houillères (1864), l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM, 1901), puis ascendant direct la Confédération générale de la production française (CGPF), première véritable organisation interprofessionnelle nationale, créée en 1919 à l'initiative d'Etienne Clémentel, ministre de l'industrie et du commerce. Le régime corporatiste de Vichy et l'économie de guerre donnent paradoxalement un coup d'accélérateur à la structuration du milieu patronal en l'embrigadant dans les « comités d'organisation ».

La résurrection du mouvement patronal à la Libération résulte à nouveau d'une initiative gouvernementale : pressé de mobiliser les chefs d'entreprise pour l'effort de reconstruction, Pierre Lacoste, ministre socialiste de l'industrie et héros de la Résistance, mandate trois grands patrons Pierre Ricard, polytechnicien, ingénieur des Mines, ex-président du Comité d'organisation de la fonderie sous Vichy ; Henri Laffont, également X-Mines, financier, secrétaire général de l'énergie jusqu'en 1942 ; Henri Davezac, ex-secrétaire du Comité d'organisation de la construction...

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1996/06/09/le-patronat-francais-parti-de-l-entreprise_3727144_1819218.html#S9YQp7Mzm0Ui5zO2.99