Casser la loi " anti-casseurs " publié dans Le Monde
A dissolution de la Ligue communiste a été accueillie sans excès d'enthousiasme par la droite française. Était-ce bien opportun ? Sera-ce bien efficace ? Au sein de la majorité, beaucoup pensent - certains disent - que le ministre de l'intérieur a commis une nouvelle bourde politique.
L'affaire semble, en effet, assez mal engagée pour M. Marcellin :
- D'abord, le prétexte de l'interdiction n'est pas fameux : de l'aveu même du premier ministre, le meeting d'Ordre nouveau, le 21 juin, était bel et bien une manifestation raciste et antisémite. Il a été autorisé au mépris de toutes les lois françaises réprimant l'incitation à la haine raciale. Dans cette affaire, c'est M. Marcellin qui se trouve dans l'illégalité. Et lorsqu'un ministre de l'intérieur viole ses propres lois, on le sait depuis 1793, les citoyens ont non seulement le droit, mais encore le devoir de pallier ses carences. Les événements du 21 juin mettent en relief la complaisance du gouvernement à l'égard des instigateurs de la campagne raciste. Tout se passe comme si, pour briser la combativité nouvelle des travailleurs immigrés et détourner contre eux le mécontentement populaire, le pouvoir laissait sciemment se développer un climat d'hostilité et de violence. La polémique autour du 21 juin jette une lumière crue sur cette peu reluisante opération.
- Ensuite, il y a le mystère qui entoure le comportement du commandement central des forces de police. M. Marcellin aurait voulu, ce soir-là, multiplier les victimes dans ses troupes pour raffermir leur cohésion et balayer les objections que certains...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/archives/article/1973/08/01/casser-la-loi-anti-casseurs_2561517_1819218.html#jpFC0Z6YQv8gMU6W.99