Crise des idées, crise des moyens, crise de l’avenir publié dans la Revue Le Débat
« Agir en homme de pensée, penser en homme d’action » : cette fière maxime de Bergson est manifestement la devise de Pierre Rosanvallon. Elle sous-tend sa vie et son œuvre, et lui a évité les écueils de la « radicalité de l’inexpérience », qui caractérise tant d’intellectuels en chambre, comme du réalisme à courte vue qui affecte tant de politiques de la gauche de gouvernement.
Homme d’action il le fut, dans la foulée de Mai 68, en s’engageant à la cfdt, dont il devint un secrétaire confédéral à vingt et un ans, chargé des études économiques, puis conseiller politique d’Edmond Maire. Engagement syndical doublé d’un engagement politique au psu, puis au ps, aux côtés de Michel Rocard. Avec Patrick Viveret, il fut un « intellectuel organique » de ce qui deviendra la « deuxième gauche », opposée à la culture jacobine, centralisatrice et « social-étatiste » alors dominante en France et singulièrement au sein du mouvement ouvrier. Pour armer idéologiquement la nébuleuse rocardienne, il publia L’Âge de l’autogestion en 1976 et Pour une nouvelle culture politique, l’année suivante, avec Patrick Viveret, le futur inspirateur du célèbre discours de Michel Rocard au congrès de Nantes du Parti socialiste sur les « deux cultures ».
Homme d’action, il le demeurera encore sous d’autres formes en s’investissant méthodiquement dans la lutte idéologique et théorique, à la tête de revues militantes – cfdt aujourd’hui, Faire, Intervention – et de collections de brochures et de livres :