Le PS tente de muscler son argumentaire européen. Publié dans Le Figaro
À presque quatre semaines du scrutin, le nouveau premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et l'eurodéputé Henri Weber présentent ce jeudi matin un gros pavé de 170 pages intitulé « 74 questions et 74 réponses pour réorienter l'Europe ».
Ceux des militants socialistes qui souhaitent faire campagne pour les européennes ne manqueront pas de matière. Mais parviendront-ils à s'y retrouver, entre le discours du parti plaidant pour une réorientation de l'Europe et les décisions que s'apprête à prendre le gouvernement pour ramener les déficits publics sous la barre des 3 % de PIB? Pas sûr.
À presque quatre semaines du scrutin, la direction du Parti socialiste tente de mobiliser les troupes. Une semaine après le meeting de lancement des élections européennes au Cirque d'Hiver, à Paris, le nouveau premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et l'eurodéputé Henri Weber présentent ce jeudi matin un gros pavé de 170 pages intitulé «74 questions et 74 réponses pour réorienter l'Europe». Il s'agit là d'un travail collaboratif. Le groupe «Argumentaires et riposte pour l'Europe», qu'anime Henri Weber, a sélectionné, parmi les «milliers» de questions posées sur la plate-forme Internet du PS «Choisir notre Europe», celles qui semblaient les plus pertinentes.
Ces questions balaient onze thèmes: «Pourquoi sommes-nous pro-européens?», «Faut-il sortir de l'euro?», «Maîtriser les flux et améliorer l'accueil des migrants», «Une union plus démocratique et plus efficace», etc. L'objectif est d'aider les militants PS dans leur travail de persuasion. Notamment face aux thèmes portés par le FN. Marine Le Pen est d'ailleurs abondamment citée dans le document. À la présidente du Front national qui souhaite s'inspirer de la votation suisse pour limiter l'immigration en Europe, le Parti socialiste répond: «La bonne façon de contrôler les frontières, c'est de le faire ensemble au niveau européen, et pas dans un repli national contre les autres.» Concernant une sortie de l'euro, les dirigeants socialistes réaffirment que «la disparition de l'euro est un scénario catastrophe que nous devons conjurer et non pas provoquer» et que «le retour aux monnaies nationales aurait un coût exorbitant pour l'économie nationale».
Il est également question de croissance. Pour le PS, il n'y a pas de contradiction entre un parti dénonçant les politiques d'austérité mais soutenant le pacte de responsabilité et les 50 milliards d'euros d'économies souhaités par le gouvernement. «Les socialistes préconisaient depuis 2009 une stratégie différenciée de sortie de crise: les pays d'Europe du Nord, et en premier lieu l'Allemagne, doivent relancer leur consommation intérieure et leurs investissements, pour servir de locomotive à l'Europe. Les pays surendettés - dont la France! - doivent s'engager sur une trajectoire de retour à l'équilibre budgétaire, mais en prenant le temps nécessaire, afin de ne pas ruiner les chances de retour à la croissance», peut-on lire dans le document.
Henri Weber affirme que «relancer et réorienter l'Union européenne, c'est aujourd'hui possible et urgent». À ses yeux, il est également envisageable que la gauche européenne gagne le poste de président de la Commission européenne, qui reviendrait alors au social-démocrate allemand Martin Schulz. En France, l'élection s'annonce toutefois rude pour le PS. Selon un sondage Ifop pour Paris Matchpublié mercredi, le Front national arriverait en tête le 25 mai, un point devant l'UMP, à 23 % contre 22 %. Le PS serait en troisième position avec 18,5 %. «Je pense que l'on pourrait tomber à 12 %. Les histoires de chaussures, ça peut faire mal», soupire un député PS, en évoquant la récente affaire Aquilino Morelle.