Grands projets économiques en Europe
Pour promouvoir une nouvelle croissance en Europe, il faut agir à la fois sur la demande et sur l’offre de biens et de services.
Les pays du nord de l’europe et en premier lieu l’Allemagne doivent augmen- ter leur consommation populaire, en même temps que leurs investissements pour servir de locomotive à l’europe.
Avec les hausses de salaire et l’instau- ration d’un SMIC à 8,50 euros outre-Rhin, ils se sont engagés dans cette voie.
Les pays surendettés d’europe du Sud doivent trouver un équilibre entre le nécessaire assainissement de leurs comptes publics et le soutien à l’activité économique. Ils doivent s’engager sur une trajectoire de retour progressif à l’équilibre budgétaire, mais en prenant le temps nécessaire, car il ne s’agit pas de mourir guéris.
C’est ce que notre gouvernement a obtenu de Bruxelles en repoussant de deux ans l’objectif de retour à un déficit budgétaire de 3 %.
siX projets prioritaires.
Au niveau de l’Union, six grands projets prioritaires doivent être mis en œuvre, à 28 si possible, à moins si nécessaire: l’Europe de l’Energie, l’Europe du numérique, des transports propres, de la Défense, des technologies-clés génériques (TCG), de l’agriculture bio ou raisonnée.
Ces grands programmes d’investissement ne sont pas des plans sur la co- mète. Ils ont été soigneusement élaborés par le Parlement et la Commission.
Ils sont nécessaires et rentables à moyen terme.
Beaucoup sont en cours de réalisation. Mais faute de volonté politique, et donc de financement, leur mise en œuvre est insuffisante et lacunaire. Les socialistes veulent donner un coup d’accélérateur à leur réalisation.
1. pour une communauté européenne de L’energie
Chaque année, les européens déboursent 400 milliards d’euros pour payer leur pétrole et leur gaz. La réduction de cette facture serait bénéfique à la relance de nos économies.
Une politique européenne de l’énergie doit poursuivre trois objectifs : garan- tir la sécurité énergétique de l’UE à des prix favorables, en diversifiant les sources d’approvisionnement et en instaurant un achat conjoint de pétrole et de gaz (et non plus en ordre dispersé, comme c’est aujourd’hui le cas, face à Poutine et aux émirs).
Lutter contre le réchauffement climatique et les pollutions. Assurer l’inter- connexion des réseaux de transport et de distribution de l’énergie sur tout notre continent.
L’Union européenne doit devenir le leader mondial des technologies vertes.
Il s’agit de faire de l’excellence environnementale un avantage comparatif de l’Ue dans la mondialisation. Pour stimuler l’innovation et l’investissement dans ce domaine :
- nous devons nous fixer des objectifs ambitieux et contraignant en matière d’efficacité énergétique, c’est-à dire-d’économie d’énergie: isolation ther- mique et autosuffisance énergétique des bâtiments, réseau de distribution et compteurs «intelligents» (qui réduisent la consommation d’énergie en limitant les gaspillages), véhicules électriques et hybrides sans lesquels la motorisation des pays émergents représenterait une catastrophe écolo- gique.
- nous devons renforcer notre diversification dans les énergies renouvelables qui sont les énergies de l’avenir : énergies éoliennes et photovoltaïques qu’il ne faut pas abandonner aux Chinois; énergies marine, hydraulique, géo- thermique, bio-carburants, captation et stockage des gaz à effet de serre.
- recourir à l’énergie nucléaire, aussi, tant que les renouvelables ne suffiront pas à couvrir les besoins à un coût acceptable.
Les grands émergents se sont engagés sur cette voie, 28 réacteurs sont en construction en Chine, sept en Inde.
L’europe doit conserver son expertise dans ce secteur, en renforçant la sécu- rité. Ramener de 75% à 50% la part de notre électricité d’origine nucléaire dans la production de notre énergie ne signifie pas nous retirer de la filière.
Nous devons développer l’écoconception des produits c’est-à-dire réduire les impacts négatifs pour l’environnement d’un produit à toutes les étapes de sa vie, depuis sa conception jusqu’à son recyclage; promouvoir une économie circulaire.
Unifier les réseaux de distribution électrique européens aujourd’hui fragmen- tés, pour optimiser la consommation sur tout le continent, de l’Andalousie à la Laponie.
2. pour une europe du numérique
Le numérique est un enjeu majeur d’innovation, donc de croissance et d’em- ploi pour l’europe. C’est également un enjeu majeur du point de vue straté- gique et industriel, tant la dépendance vis-à-vis de l’extérieur est importante dans ce domaine. L’europe doit viser une meilleure autonomie en matière de technologies, d’infrastructures, de réseaux mais également de production de services. De nouveaux investissements ainsi qu’un cadre réglementaire adap- té sont nécessaires afin d’accélérer le développement de nouvelles techno- logies telles que la 4G. L’Union européenne doit également soutenir le déve- loppement de technologies stratégiques telles que l’informatique en nuage ou le big data. en outre, les réseaux existants en matière de télécommunica- tion arrivent en fin de vie dans de nombreux pays européens. Il faut équiper l’ensemble de notre continent de l’Internet à haut débit. Des centaines de milliards d’euros seraient nécessaires sur les deux prochaines décennies pour câbler toute l’Union européenne.
3. promouvoir Les industries du futur
et pour cela, miser sur les «technologies clés génériques» (TCG). Il s’agit des futurs moteurs de l’innovation dans les processus et les produits (comme les nanotechnologies, la biotechnologie, les matériaux intelligents, la robotique, les systèmes de production avancés pour la réalisation de composants). elles s’appuient sur de la R&D, des cycles d’innovation rapides, des investisse- ments importants et des emplois qualifiés. Afin de pouvoir développer ces technologies et faire en sorte qu’elles débouchent sur de nouvelles filières industrielles, un soutien spécifique aux PMe du secteur et la mise à dispo- sition de financements adéquats en provenance de la Banque européenne d’investissement (BEI) doivent être mis en place.
4. pour une europe de La défense
Dans ce domaine également, il est essentiel que nous mutualisions nos forces pour renforcer notre indépendance, à l’échelon de l’Union européenne. Les derniers conflits au Mali, en République Centrafricaine, en Syrie,... l’ont mon- tré. Nous avons besoin de capacités d’intervention communes. Dans le do- maine des avions ravitailleurs, des drones de surveillance par exemple, des coopérations sont nécessaires, possibles et essentielles pour notre autono- mie stratégique. Dans cette optique, un programme européen pourrait être développé afin notamment d’accroitre le soutien spécifique aux PMe de ce secteur et l’investissement dans des programmes de recherche et dévelop- pement sur les «technologies duales», (les technologies militaires qui ont des retombées fécondes pour l’industrie civile), qui participeront à la préservation des emplois associés et à une croissance durable pour nos industries.
5. déveLopper Les réseauX d’infrastructures transeuropéennes
Les infrastructures économiques de transports (de personnes et de biens, d’énergie et d’information), forment l’ossature d’une économie et constituent un élément essentiel de la vitalité du tissu industriel et de la compétitivité d’un pays. Or, dans les domaines de l’énergie, des transports et du numé- rique, la Commission évalue les besoins d’investissement à plus de 2000 mil- liards d’euros d’ici 2020. Il s’agit de moderniser les réseaux européens et de construire de nouveaux réseaux pour convoyer l’énergie d’un bout à l’autre du marché intérieur ,de développer une infrastructure numérique transeuro- péenne à la hauteur des défis de sécurité et de haut débit requis pour les entreprises et une infrastructure de transports permettant d’assurer la fluidité du marché intérieur et de répondre aux exigences environnementales: fret ferroviaire, canaux, autoroutes de la mer, tramway...
6. des activités agricoLes et côtières tournées vers L’avenir
ll faut réformer notre agriculture et mieux contrôler notre industrie agro-ali- mentaire. La PAC a été réformée pour plus de justice dans la répartition du soutien et pour promouvoir un développement plus durable. L’enjeu de cette «croissance verte» pour les territoires est majeur : fournir une alimentation en quantité suffisante, saine, diversifiée et de qualité pour des populations en augmentation; mieux protéger et valoriser plus efficacement les ressources naturelles; lutter contre le réchauffement climatique en utilisant les sols agricoles et la forêt en tant que puits de carbone; valoriser le potentiel des zones rurales pour la production de biens non alimentaires (énergie tirée de la biomasse, agro-matériaux, écoproduits, etc.) et services (agrotourisme), promouvoir l’agro-écologie et les circuits courts producteur-consommateur; développer un bassin d’emploi non-délocalisable. Pêche, aquaculture, tou- risme, énergies marines, algoculture, biotechnologies... la mer offre égale- ment de nombreuses perspectives pour favoriser la croissance. Les activités économiques liées à la mer représentent aujourd’hui 5,4 millions d’emplois et 500 milliards d’euros par an. D’ici à 2020, cela pourrait se chiffrer à 7 mil- lions d’emplois et 600 milliards d’euros. La politique commune de la pêche et les fonds structurels doivent privilégier les nouvelles activités de cette «crois- sance bleue».
pour pouvoir déveLopper ces secteurs stratégiques, iL nous faudra déveLopper Les canauX de financement adéquats.
Les investissements requis pour relever les défis de cette «troisième révolu- tion industrielle» étant pour la plupart des investissements rentables à long terme, il conviendra de développer les outils de financement longs, à savoir une finance patiente et non spéculative, connectée à l’économie réelle. Cela passe par la mise en place de normes prudentielles et des règles de gou- vernance pour les banques les obligeant à mobiliser leurs ressources pour financer les investissements, le soutien aux PMe et non aux produits financiers hautement spéculatifs.
Cela suppose également le développement d’instruments financiers euro- péens mêlant fonds structurels européens et fonds publics nationaux. De ce point de vue, la création d’obligations de projets (« project bonds ») va dans le bon sens. Les fonds mobilisés dans le cadre du budget européen pour la pé- riode 2014-2020 pour financer les grandes infrastructures transeuropéennes pourront contribuer à créer des effets de leviers pour financer les besoins dans ces domaines.
Mais pour être à la hauteur des besoins, ils devront toutefois être significative- ment rehaussés dans le cadre d’un budget européen adossé à des ressources propres. C’est tout l’enjeu de la négociation que les socialistes mèneront en 2016 dans le cadre de la révision du budget européen à mi-parcours. Cela suppose, de façon générale, une mutualisation des ressources issues des grands investisseurs publics gérant l’épargne longue que sont les caisses des dépôts, les banques de développement nationales, les assurances et fonds de pension.
La politique de concurrence et la politique commerciale de l’Union euro- péenne doivent également être mises au service de ces secteurs stratégiques. Nous devons cesser d’être naïfs et défendre notre industrie à armes égales avec nos partenaires mondiaux : les aides d’état dans les secteurs largement soutenus par nos concurrents ou dans les secteurs innovants peu matures, comme ceux des TCG, doivent pouvoir être maintenues moyennant le respect d’un certain nombre de principes de transparence et de proportionnalité ; nos marchés (notamment publics) ne doivent être ouverts qu’aux partenaires qui font preuve de réciprocité. Sur ces thématiques, les votes des socialistes au Parlement européen ont fait la différence.
Les voies d’une croissance durable et riche en emploi en Europe existent donc. Celles d’une revitalisation de l’industrie européenne aussi. Le cap doit être celui de la mutation vers une économie à la pointe tant du point de vue environnemental que de celui de l’innovation.
L’Union européenne, ses outils de financement et ses politiques économiques peuvent constituer un puissant levier de relance, à condition d’accepter un interventionnisme de l’Union européenne, en tant qu’institution publique, plus vigoureux. C’est l’orientation que les socialistes s’engagent à porter s’ils obtiennent une majorité au Parlement européen.