Le destin du bolchevisme ? Relisons Karl Kautski... publié dans Le Monde

LA célébration du quatre-vingtième anniversaire de la révolution d'Octobre voit le retour du vieux procès fait au marxisme et, au-delà, à l'idéologie des Lumières : c'est le marxisme qui aurait produit le Goulag, c'est lui qui aurait rendu sourd et aveugle à la montée du totalitarisme stalinien.

Antistalinien de toujours, je voudrais rappeler à ceux qui se laissent abuser par cette accusation baroque que les premières analyses approfondies de la révolution bolchevique, en même temps que la condamnation la plus radicale de ses dérives probables, émanaient des théoriciens de la social-démocratie et non des penseurs conservateurs ou libéraux, et étaient faites d'un point de vue marxiste.

Ces analyses frappent aujourd'hui par leur acuité et leur précocité : pour ne nous en tenir qu'au principal dirigeant et théoricien de la IIe Internationale, Karl Kautski, force est de constater que tout est dit à chaud, avant même la mort de Lénine, dans trois essais percutants : La Dictature du prolétariat (1918), Terrorisme et Communisme (1919), De la démocratie à l'esclavage d'Etat (1921). Il ne me paraît pas inutile d'en rappeler brièvement la teneur.

La prétention des bolcheviques d'édifier le socialisme dans le cadre de la Russie arriérée, écrit dès 1918 le « pape du marxisme », relève d'un volontarisme débridé et ne peut conduire qu'à la catastrophe. Elle représente une rupture radicale avec la démarche de Marx, qui enseigne qu'un peuple ne saurait sauter impunément les étapes nécessaires de son développement historique. Elle constitue une rechute dans le socialisme...

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